Q&A avec Norman Robert Boie: Président du Conseil régional Nakonha:ka

Notre aumônier, Norman Robert-Boie, a récemment été élu président du Conseil régional Nakonha:ka, l’organisme de l’Église Unie du Québec. Dans cette entrevue, il réfléchit sur le leadership compatissant, les défis et les opportunités pour les communautés de foi, ainsi que les compétences essentielles pour les futurs ministres. 

Depuis votre nomination à la présidence du Conseil régional de l’Église unie de Nakonha :ka, quels ont été vos principaux objectifs ou initiatives ? Comment espérez-vous qu’ils façonneront la région et serviront ses communautés ? 

Mes tâches principales comme président du Conseil Régional (CRNRC) sont de représenter la région Nakonha :ka quand cela est nécessaire et de présider à différentes réunions. Comme ma nomination est encore relativement nouvelle, mes objectifs premiers sont d’apprendre le fonctionnement organisationnel et administratif du CRNRC et de comprendre les dynamiques des personnes avec qui je travaille et collabore. 

Le Conseil régional Nakonha :ka représente un vaste territoire et je fais partie d’une grande équipe. Je suis là pour épauler cette équipe et pour offrir un leadership selon mes moyens et mes compétences. Les paroisses que nous servons ont besoin d’écoute, de présence et d’appui. Sans m’ingérer, je participe à plusieurs sous-comités pour comprendre les enjeux et apporter ma façon de voir les choses lorsque cela est pertinent. On peut faire beaucoup de millage en étant présent, à l’écoute et intéressé par ce que nos comités de gouvernance et nos communautés de foi vivent, ressentent et expriment. 

Quels sont les plus grands défis auxquels sont confrontées les communautés de foi dans cette région, et quelles sont les opportunités de croissance ou de transformation que vous entrevoyez pour les années à venir ? 

L’Église unie, comme beaucoup d’autres organisations religieuses, cherche des manières de se projeter dans l’avenir, et le Conseil régional Nakonha:ka est confronté au même défi. Nous voulons trouver des moyens novateurs de rester pertinents et de vivre notre foi dans un monde de plus en plus séculier. 

D’un point de vue pratique, de nombreuses communautés de foi vivent des situations difficiles. L’entretien des bâtiments s’avère complexes et couteux, les fidèles diminuent et les bénévoles sont épuisés. D’autre part, il y a toujours de nouvelles personnes qui viennent en paroisse voir ce qui se passe. Ces personnes sont parfois en quête d’un sens dans leur vie et parfois elles sont attirées par les positions plus inclusives, plus affirmantes et axées sur la justice sociale de l’Église unie. Il y a une opportunité que nous sommes appelés à saisir. 

En 2022, l’Église unie du Canada a élaboré un plan stratégique qu’elle déploie depuis. Notre région a adopté ce programme et l’a adapté à son propre contexte et a fixé des priorités en conséquence. Ce plan se décline en un énoncé de vision : « Appelée par Dieu, en disciples de Jésus, l’Église Unie du Canada aspire à devenir une Église courageuse, connectée, évolutive, une Église constituée de communautés diversifiées, portées par le courage et l’espérance, unies par une spiritualité profonde, créatrices d’une liturgie inspirante et en quête audacieuse de justice. » Cet énoncé de vison m’enthousiasme et c’est la même chose pour le Conseil régional Nakonha :ka. Il y a là une boussole qui nous guide pour marcher vers le futur avec clarté et détermination. 

Je dois dire aussi que je vois des possibilités de croissance dans la capacité à servir en plusieurs langues. La région Nakonha:ka est multilingue et puisqu’elle opère dans la province de Québec, elle honore le français et l’anglais dans ses activités quotidiennes. Cela dit, le conseil a aussi la chance de servir des communautés de foi qui utilisent le mohawk, l’espagnol, l’allemand, l’italien, le japonais (qui utilise aussi l’urdu pour le culte), l’arménien, le hongrois, le coréen, le malgache… C’est une richesse qu’il faut honorer et chérir ! 

Quelles sont les compétences ou les expériences qui, selon vous, sont les plus importantes pour les futurs ministres ? Quel rôle voyez-vous pour les écoles de théologie comme le nôtre dans la préparation des futurs leaders au ministère ? Comment les institutions théologiques et les églises locales peuvent-elles se soutenir mutuellement ? 

Un ensemble complexe de qualités, d’aptitudes et de compétences est nécessaire pour être un ministre, un pasteur, un prêtre ou un leader dans l’Église. Cela va des compétences en counseling pastoral et en soins pastoraux, en passant par une certaine connaissance en finance et en gestion de projet. Il faut être bien préparé pour communiquer des réflexions théologiques, offrir une exégèse de qualité ou des considérations pastorales à un public très divers et dans de nombreux contextes différents. En même temps, il faut presqu’être capable de gérer une petite entreprise. 

Les écoles de théologie mettent souvent l’accent sur les compétences académiques et peut-être moins sur les compétences pratiques et organisationnelles. La bonne nouvelle est que les séminaires et les instituts de théologie se remettent régulièrement en question et se demandent fréquemment s’ils préparent de manière optimale les étudiants.es pour le ministère. 

Je crois au pouvoir de la communication et des relations personnelles. Nous bénéficierions tous d’une conversation constante entre les établissements d’enseignement supérieur et les personnes travaillant sur le terrain dans différents contextes. Cela aiderait les collèges à savoir ce qui est requis des étudiants lorsqu’ils arrivent dans une paroisse ou dans d’autres contextes pastoraux et cela permettrait aux paroisses de ne pas s’attendre à recevoir des super-femmes et des super-hommes qui résoudraient tous les problèmes et qui feraient des miracles. 

La communication pour moi c’est la clé. 

En tant qu’ancien élève de notre établissement, pourriez-vous nous parler un peu de votre cheminement vers le ministère ? Quels sont les aspects de votre éducation ici, ainsi que votre foi personnelle, qui vous ont le plus influencé et soutenu dans votre cheminement ? Y a-t-il des expériences ou des leçons particulières qui continuent à vous guider aujourd’hui ?  

Pour moi l’appel au ministère a toujours été très clair. J’ai été ‘pastoral’ et j’ai parlé de ma foi dans ma vie en général et dans mes différentes carrières avant de m’embarquer dans un B.Th. M.Div. au séminaire de l’Église unie. Je peux confirmer que ce n’est pas du tout évident de revenir aux études après un long hiatus, mais ça a été extrêmement enrichissant pour moi. Je me rends compte avec le recul de la pertinence de ma formation académique.  

Je suis sorti du séminaire avec des outils et des compétences solides pour communiquer efficacement des réflexions théologiques, offrir une exégèse de bonne qualité, offrir de l’accompagnement spirituel et des soins pastoraux appropriés. Le peaufinage viendra avec l’expérience et la pratique. 

Préparer des cultes et être constamment en conversation sur la foi dans divers contextes; creuser en moi et avec d’autres comment Dieu est présent dans ma vie, dans nos vies, cela nourrit ma vie de foi. Les compétences acquises au séminaire, à Dio et à l’école théologique de Montréal sont une solide base sur laquelle je peux m’appuyer et construire l’avenir là où l’Esprit m’appelle. 

Comment aimeriez-vous que l’Église unie et les collèges de théologie collaborent à l’avenir ? Y a-t-il des projets ou des domaines spécifiques qui bénéficieraient de partenariats plus étroits ? 

La réponse est simple : Travailler ensemble ! 

Dans mes multiples expériences de travail, que ce soit dans l’enseignement, dans les arts de la scène ou à la télé, la capacité de travailler en équipe et de quitter le ‘mode en silo’ m’apparait la chose la plus importante. Pour que cela puisse être possible, il faut se parler et communiquer entre partenaires. Le travail de l’un influence le travail de l’autre. Nous sommes tous et toutes les maillons d’une chaîne. 

Présentement tous les partenaires se parlent sur un vaste ensemble de sujets. Cependant, je vois encore des endroits où la communication se fait mal et où des opportunités sont ratées. Des initiatives sont développées en parallèle. Si on se parlait davantage et que l’on partageait les dossiers sur lesquels on travaille, on gagnerait en efficacité. 

Comment le conseil régional travaille-t-il pour encourager les jeunes et les leaders émergents à explorer les vocations au sein de l’Église ? Quel rôle l’enseignement théologique peut-il jouer à cet égard ? 

Le Conseil régional Nakonha:ka encourage les étudiants et les candidats à participer à ses activités et à s’intégrer dans ses différents comités, non seulement en tant qu’observateurs, mais aussi en ayant une voix, en étant vus et en étant valorisés. 

Cependant, j’aimerais que le Conseil régional s’implique plus intentionnellement dans ce processus de connexion. Nous avons tendance à laisser les gens venir à nous dans l’Église. Nous devons inviter les étudiants et les candidats, être authentiquement accueillants et entamer le dialogue beaucoup plus tôt avec les personnes qui se sentent appelées à un ministère, quel qu’il soit. Les futurs dirigeants de l’Église sont déjà parmi nous. 

Nous aurions également intérêt à accorder plus d’attention au bagage d’expériences que les gens apportent à leur formation théologique. Dans un monde idéal, j’aurais souhaité un programme sur mesure, identifiant et affinant mes points forts et accordant plus d’attention aux lacunes et aux domaines de formation manquants. Mais je me rends compte qu’une telle approche nécessite des ressources humaines et des moyens financiers qui ne sont pas toujours disponibles. Un souhait !  

Quels conseils donneriez-vous aux étudiants actuels et aux diplômés récents qui discernent leur voie dans le ministère, et quel message aimeriez-vous transmettre à ceux qui soutiennent l’enseignement théologique et la formation des futurs leaders de l’Église? 

Faites confiance à l’Esprit Saint, à votre intégrité et au processus. Le système n’est probablement pas parfait, mais il fonctionne. Soyez vous-même, mais n’hésitez pas à vous remettre en question. Dieu vous appelle dans votre entièreté, alors n’essayez pas de devenir quelqu’un d’autre. 

En ce qui concerne ceux qui soutiennent l’enseignement théologique, vos dons et encouragements permettent à l’école d’offrir une formation de qualité et de préparer les étudiants aux nombreux ministères auxquels ils seront appelés. Plus le collège dispose de ressources, plus il peut offrir de possibilités de formation! Sans votre soutien, le collège ne pourrait pas maintenir sa mission ni améliorer ses programmes. En mon nom personnel et au nom du Conseil régional de Nakonha:ka, je vous remercie du fond du cœur et je vous garde dans la prière.