Réflection du directeur: Vivre sa foi la tête haute

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Chères amies, chers amis,

Je suis grand et je l’ai toujours été. Quand j’étais jeune, comme plusieurs personnes de grande taille, j’avais tendance à courber les épaules ou à marcher en me penchant vers l’avant, pour mieux m’intégrer. Adolescent, quand j’ai commencé à travailler dans un camp d’été, le directeur était encore plus grand que moi. Un jour, il m’a pris à part et m’a dit : « Jesse, tu es exactement aussi grand que Dieu t’a créé. Donc, redresse les épaules, tiens-toi droit et deviens la personne que Dieu a voulu que tu sois. » Il m’arrive encore de courber les épaules de temps en temps, mais j’essaie de ne jamais oublier ces mots pleins de sagesse.

Ce que mon directeur avait essayé de m’enseigner, c’est d’avoir confiance en moi. Le mot confiance est merveilleux. Ses racines latines signifient littéralement avec foi. Les personnes qui s’emploient à vivre dans la foi sont des gens appelés à vivre en toute confiance. Autrement dit, c’est avancer dans la vie en sachant que Dieu a agi, qu’il est en train d’agir et qu’il continuera d’agir dans le monde. Cela signifie qu’il faut avoir la certitude, comme Paul, que « ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni d’autres autorités ou puissances célestes, ni le présent, ni l’avenir, ni les forces d’en haut, ni celles d’en bas, ni aucune autre chose créée, rien ne pourra jamais nous séparer de l’amour que Dieu nous a manifesté en Jésus Christ notre Seigneur. » (Romains 8, 38-39, NFC).

D’ailleurs, ce n’est pas toujours facile d’avoir confiance. Plusieurs d’entre nous se laissent envahir par le doute. Dans un milieu universitaire, il n’est pas rare que des étudiantes et des étudiants (de même que des membres du personnel enseignant) ressentent le syndrome de l’imposteur et s’imaginent que quelqu’un a fait une erreur au moment de leur admission. Souvent, on vient me voir et on me demande, à quelques variations près : « Qui a bien pu penser que je pouvais faire ce travail? » À cela peuvent s’ajouter des iniquités d’ordre social. Il arrive que des personnes appartenant à un groupe dont l’identité est définie par la couleur de la peau, l’expression de genre, l’orientation sexuelle, l’accent ou toute une panoplie d’autres facteurs soient constamment exclues ou dénigrées, pas seulement dans la société, mais également au sein de l’Église. Il est parfois difficile d’avoir confiance en soi quand des inégalités systémiques nous disent le contraire.

Mais, comme nous le rappelle l’étymologie, la confiance est au cœur de la foi chrétienne. Je m’efforce constamment de faire prendre conscience à tous les membres du séminaire que nous sommes toutes et tous exactement comme Dieu nous a créés, qu’il a doué chacun de nous d’un ensemble unique de talents pour ce monde et qu’il nous appelle maintenant à les mettre au service des autres et du monde qui nous entoure. Dans ce bilan annuel, vous lirez des histoires qui racontent comment le séminaire aide ses étudiantes et ses étudiants à renforcer leur confiance en Dieu, en leur foi et en leurs capacités pour le ministère, dans le cadre de leur préparation à l’exercice d’un leadership transformateur au sein de l’Église et dans le monde.

Il ne s’agit pas seulement de personnes qui sont appelées à avoir confiance. Dieu appelle également l’Église à observer le pouvoir transformateur de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Dans un endroit comme le Québec, il peut parfois être difficile de vivre sa foi chrétienne avec confiance, compte tenu de la forte sécularisation de la société. Alors qu’elles continuent à s’adapter au monde d’après la pandémie, bon nombre d’Églises se contentent de mettre l’accent sur la survie, plutôt que d’agir en témoins confiants. Mais la confiance demeure au cœur de notre appel de communautés chrétiennes – il nous faut vivre humblement, mais courageusement, il nous faut faire preuve d’humilité, mais en agissant avec confiance comme témoins de ce que Dieu a fait pour le monde par l’entremise du Christ.

Au moment où j’écris ces lignes, les semis de cette année commencent à pousser sous des lampes de croissance dans mon salon. Ils font exactement ce que Dieu attend d’eux – se diriger vers la lumière. Tous les étudiants et étudiantes de ce séminaire doivent faire précisément la même chose : redresser les épaules, se tenir droits et se laisser conduire par l’amour de Dieu, en vivant avec foi et confiance dans sa présence et son dessein dans le monde.

Paix et confiance,

Le Pasteur Jesse Zink, PhD
Directeur

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