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Faites connaissance avec la Rév Heather Thomson, l’une des premières femmes à fréquenter Dio, et ordonnée dans le diocèse de Québec en 1979.À l’occasion de notre 150e année d’existence, nous tournons notre regard vers les diplômés et diplômées qui ont servi l’Église pendant de nombreuses années. Heather Thomson a été l’une des premières femmes à étudier au Séminaire diocésain de Montréal. Elle a été étudiante entre 1975 et 1978.
Dès l’âge de 12 ans, la pasteure Heather Thomson était certaine que Dieu l’appelait à exercer un ministère ordonné. « Je n’avais jamais vu de femme prêtre, mais dans mon jeune esprit innocent, je croyais que c’était possible », se rappelle-t-elle. Au milieu des années 1960, le prêtre qui dirigeait sa classe de confirmation avait demandé à Heather et à ses camarades de classe ce qu’ils voulaient faire quand ils seraient grands. « Je veux faire ce que vous faites », avait-elle répondu avec une confiance naïve. Abasourdi, le prêtre l’a encouragée à rejoindre l’organisme Anglican Church Women (Femmes de l’Église anglicane) ou la Altar Guild (Guilde des assistants liturgique), ajoutant qu’« il y a de nombreuses façons de servir ». Mais elle savait que ce n’était pas ce à quoi elle était appelée.
Ayant grandi dans les Cantons-de-l’Est, Heather était une membre active de sa paroisse et faisant du bénévole dans sa communauté. Après avoir appris que les femmes n’étaient pas autorisées à être ordonnées dans l’Église anglicane, elle s’est orientée vers le travail social et a finalement obtenu un double diplôme de l’Université Concordia (à l’époque la Sir George Williams University) en psychologie et en sociologie. Mais au début des années 1970, le vent commençait à tourner. « Je me souviens d’avoir parlé à mon évêque de l’époque, Tim Matthews, et il m’a dit : “Ça va arriver, nous allons avoir un synode général à Québec, et ça va arriver. Je veux que vous soyez prête. Je veux que vous commenciez à étudier” ». Tout laissait croire qu’elle n’aurait donc plus besoin de faire taire encore longtemps cet appel insistant qu’elle ressentait pour la prêtrise.
Elle se souvient d’avoir assisté à une journée portes ouvertes au Séminaire diocésain de Montréal, alors qu’elle était dans la dernière année de son baccalauréat :« Tous les autres participants à la journée portes ouvertes étaient des garçons issus de l’école secondaire, et moi, j’étais une femme, déjà mariée et diplômée. Je me suis alors demandé si c’était l’endroit idéal pour moi. Mais je savais que c’était le cas. » À 23 ans, Heather entame donc sa première année au Séminaire diocésain. C’était en 1975, tout juste un an avant que les premières femmes ne soient ordonnées dans l’Église anglicane du Canada. Elle faisait partie des trois premières femmes à s’inscrire au collège. « Il y a eu quelques réticences de la part des autres étudiants, mais dans l’ensemble, les gens ont été très accueillants », explique-t-elle. Les professeurs, le personnel et les administrateurs m’ont beaucoup soutenue et j’ai fini par trouver ma place ».
Alors qu’Heather allait enfin être ordonnée prêtre en janvier 1979, les gens n’hésitèrent pas à lui faire part de leur désapprobation avant l’ordination. « Des membres du clergé sont venus me voir et m’ont dit : “Je sais que vous allez être ordonnée dans les prochains jours et j’y suis totalement opposé…” Pour couronner le tout, j’étais enceinte au moment de mon ordination, ce qui a encore plus contrarié certains membres du clergé. » Une fois ordonnée, elle se souvient que des personnes se sont présentées pour l’eucharistie, puis ont fait demi-tour et sont parties en voyant qu’une femme présidait la cérémonie. « Cela est douloureux, mais il ne faut pas se laisser abattre et se détourner de la mission à laquelle Dieu nous appelle. Je n’essayais pas de convaincre qui que ce soit, ce n’était pas une bataille que je voulais mener. Je suis allée de l’avant et j’ai travaillé avec les personnes qui souhaitaient réellement ma présence. »
Pendant ses études au Séminaire diocésain, Heather et son mari ont vécu à Rexford Hall, une résidence pour les étudiants mariés des trois écoles de théologie de la rue University. Elle parle avec tendresse de son séjour au centre-ville de Montréal, en communauté avec ses camarades de classe et à proximité de l’université. « C’était agréable et cela signifiait que je pouvais participer pleinement à la vie cultuelle de l’université, se remémore-t-elle. Nous gardions nos portes ouvertes, nous étions là les uns pour les autres à toute heure du jour et de la nuit. Les gens venaient partager leurs expériences, leurs problèmes, leurs joies. Et nous avons partagé d’agréables repas et soirées! »
Lorsqu’elle évoque cette période de formation au ministère, elle revient sans cesse sur le dialogue œcuménique, interreligieux et interculturel qu’elle a connu avec ses camarades de classe, et sur l’impact que cette expérience d’une communauté diversifiée a eu sur sa vie et son ministère. « La joie des universitaires était d’étudier avec des gens et d’apprendre de professeurs d’origines très diverses, indique-t-elle. Pour moi, c’est dans la salle commune du bâtiment Birks que se déroulaient les meilleurs moments. C’est là que nous discutions après les cours avec des personnes d’origines et de convictions différentes. Ce sont certainement parmi mes meilleurs souvenirs. »
Au cours de sa deuxième année, elle a eu l’occasion de se rendre à Haïti pendant six semaines dans le cadre d’un voyage dirigé par le pasteur Chris Carr. Le but de ce voyage était d’apprendre comment l’Église anglicane fonctionnait dans une communauté francophone. « Nous étions là pour apprendre, et non pour apporter nos connaissances ou notre expertise. Cela a vraiment changé notre vie. » Ce voyage lui a ouvert les yeux sur certaines des dures réalités causées par les inégalités mondiales dont elle avait été protégée dans sa jeune vie. « Plus tard dans ma carrière, j’ai beaucoup travaillé avec des étudiants réfugiés, confie-t-elle. Mon expérience en Haïti m’a vraiment préparée à ce type de travail interculturel, qui a fini par être l’une des grandes joies de ma carrière. »
Son premier emploi après l’ordination a été celui d’aumônière protestante à l’école secondaire régionale Alexander Galt de Sherbrooke, une école unique à l’époque, car elle desservait à la fois la population catholique et protestante anglophone. « J’ai fait beaucoup de consultation, j’ai organisé des activités et j’ai fait de l’animation communautaire, ce que j’aimais particulièrement. » Après douze ans, un poste s’est libéré à l’Université Bishop’s et au Collège régional Champlain. « J’y ai travaillé comme aumônière pendant 27 ans, jusqu’à ma retraite. Ce qu’il y a de merveilleux à travailler à Bishop’s, c’est qu’il y a une chapelle absolument magnifique et une vie vibrante autour de celle-ci. »
En repensant à sa carrière et à son passage au Séminaire diocésain de Montréal, elle voit la main de Dieu à l’œuvre. « Quand on regarde en arrière, on voit tous les liens. » Elle est pleine de gratitude pour les mentors qui l’ont guidée depuis son passage au Séminaire diocésain et porte un regard attendri sur sa carrière et son temps de formation.